jeudi 22 juillet 2010

Pour Vaïe : Texte épars.

J'ai encore faim.

J'ai mangé.

Mais j'ai encore faim.

Et tout ça me refait penser à lui.

Par où commencer...

***

Je l'ai rencontré dans un cours, au cégep. Littérature Québécoise, qu'on s'amusait tous à appeler "Français 3", parce que c'était le troisième cours de littérature qu'on avait au cégep, dans leur ordre "logique".

Il s'appelle René. René Robitaille. RR. C'était comme un Dédé Fortin, mais avec un sourire à la place de la dépression. Comme Mistral mais sans le vide du vent. Comme lui.

Quand il nous parlait, au début, on était fucké. Y'était weird, le criss.
Clairement le prof le plus étrange que j'aie rencontré dans ma vie.
Mais.
Au fil du temps, il s'est mis à me remarquer, plus que les autres. J'étais dans ma grande passe de dépression creuse de fin d'adolescence. Puis, pendant un EXAMEN, il m'avait apporté une note; je me rappelerai toujours ce qui était écrit dessus :
"Sammy,
Je te sens malheureux comme une pierre. La vie est trop courte pour avoir si triste mine.
Va devant, et fonce!
- René"
Cé ça que j'fais, mon René, j'fonce, en criss. Tu crèrais même pas ça!

Mais surtout, toutes les fois qu'il me croisait, dans les vastes corridors étonnement mornes de l'école, il me touchait l'épaule, me mettait sa main sur le bras, et disait d'une manière unique et fabuleusement enjouée : "Sammy! Comment tu vas?"

C'est comme nos "Je t'aime". Simple, direct, efficace. Mais encore plus.

Même quelques années plus tard, quand je suis allé prendre une bière avec lui, pour parler de la vie et tout (on se fiche trop souvent de nos aïeux. Surtout d'un génie comme lui; Pas Moi.), c'était pareil, sa main, sa même question.

***

Il me l'a transmise, sa maladie des corps.
Ça m'a pris des années m'en rendre compte. Des décénies même. Des sciècles. Trop longtemps.

Parce que je voulais le forcer, que ça le fasse, que j'aie besoin de toucher, alors je touchais, mais sans le ressentir, en dedans.

Puis, ça m'est arrivé. De me connecter dans les yeux de quelqu'un, et d'avoir BESOIN de le toucher, juste l'épaule, qu'il sache que je suis là, VRAIMENT là.

"Ça cogne à la porte" tsé.

***

"Écris moi, mais parle pas de sexe, de drogue ou de boire."

Si tu savais comme c'est dur. Parce que je suis pas en train de boire là, non non. Je fais juste t'écrire, et je cherche mes mots, et je cherche comment bien les mettre, comment ne pas froisser ou m'écrater du sujet.
J'voudrais qu'il soit parfait. Que tu le lises et que tu t'émerveilles comme devant l'effondrement divin de la tour de Babel. Comme devant les prophétiques auteurs de tes rêves. Mistral, Miron, Snou...
Mais non, C'est pas Ça, ce soir.
Je reviens des chiottes, ça fait au moins ça de bien, mais rien.

Alors je sais plus...

***

Il faut poursuivre, et je ris, et je ris. Et je ris encore. C'est bon de rire, devant les blagues folles de Mistral, ou un vidéo trop fou qu'un ami t'envoie à la volette par MSN.

Et pour poursuivre, C'est à celle là que j'suis rendu :
"à la maison des fous, c'pas ces hypocrites
cé vrai : quand y parlent, c'est là que j'me sens ben"

Et quelque part, bien creux, je sais plus trop quoi ajouter.
J'ai fait le tour. Je t'aime, Vaïe.

***

"La seule chose qui n'ait pas changé, depuis mes 14 ans, c'est que je rêve plus que je vis. Et c'est très bien comme ça."

- PV

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