vendredi 2 juillet 2010

Le soleil - I

J'ai encore pas faim.

Pourtant, que je me dis, je suis heureux. Je ne comprend pas. J'ai un sourire profond depuis des semaines qui ne décole plus, qui creuse même de plus en plus de splendides rides au rebord de mes yeux. Qui me donne aussi la force de lire, beaucoup, trop, comme jamais, d'immenses romans des grands d'avant ou de presque maintenant. Des Zola et des Mistral.

'Me suis levé presque de bonne heure, l'envie - comme j'en avais planifié - d'aller me défoncer à vélo et d'aller lire dans la nature loin de chez moi. Le soleil m'inspirait la plus raide des journées, presque des larmes tellement il est beau. Un petit déjeuner, deux bouteilles d'eau dans mon sac, on sort ma bi-cyclette (une cycle qui est aux deux) et puis je m'élance vers l'infini sous la chaleur récomfortante de l'hiver dans le ciel en ce début cuisant du mois de juillet. Il faisait chaud, et j'étais bien. Sur ma monture céleste, je me sentais équin et puissant, comme le flux de la rivière s'étalant de toute sa grâce à côté de moi. Et en transformant en cheval, j'avais la belle Bloom qui jouissait dans mes oreilles, avec To et Jules de sa Patère sublime.

Des kilomètres, reçoit une amande par deux policiers courtois. ACAB. Fini les jouissances.

Pédale encore plus, tourne! tourne! mon pédalier, pour m'amener vers des endroits oubliés. Bah, oubliés; que j'ai vu dans ma jeunesse, avant de devenir un gros paresseux de presque deux cent livres. Fini tout ça, j'ai des dents protubérantes sur ma face maigre et je suis bien, et je m'élance sur la bande du canal comme c'est presqu'interdit.

J'arrive à un parc, après plus de vingt kilomètres, et je m'assois sous un chaine centenaire pour bouffer un écrivain qui est sous-baptisé. Il est bien plus qu'un vent canadien qui rend fou. Mistral. Je l'ai laissé me bercer jusqu'à pu-soif de ses cent-anses verbales qui te poignent le coeur comme des débris dans un balai.

J'ai mangé, en plus. J'aurais peut-être dû avoir faim après ces vingt kilos, et mon petit déjeuner; mais non. Ai mangé un muffin au chocolat qui ressemblait plus à un gateau qu'à un repas, et en ai eu le ventre comblé. Je suis un anorexique aux friandises.

Puis j'ai pris le chemin du retour, sans jouissance encore - de peur de me faire r'arrêter par les gentils policiers. Me suis arrêté pour parler à une amie, ancienne, ai continué jusqu'aux dernières écluses, tout près de ma maison mais surtout de la bibliothèque. Ai terminé Vamp en contemplant du coin de l'oeil la magnifique Audrey qui ne me parle plus, elle non plus (une autre belle fille à qui j'inspire une crainte inexplicable, cette petite éclusière de mon coeur. Je me sens vraiment comme Christian, à coucher avec des pichous et des immondes malgré moi. Et moi, je suis beau; vraiment, c'est comme mon manque d'apétit : je n'y comprend rien.)

Direction bibliothèque sans avoir daigné un sourire, ou ôsé un bonjour à la magnifique madame Boudriau. Rapporte Vamp que je viens de finir, veut Vautour, l'ont pas; salauds.

Retout à la maison avec un coup de soleil immense et presque dangereux du cancer. Mais comblé. Un concombre, un oignon vers, un petit bout de fromage. Je suis un anorexique gourmet.

Bon souper.

- PV

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