jeudi 4 mars 2010

Virevolte : manifeste pour le malheur

Ma vie est morne.

Pas qu'elle soit si plate en soi; j'ai des amis drôles, des dames jolies, une famille extra, un sourire, du charme.
J'aurais tort de me plaindre; mais je voudrais tellement, me plaindre. Ou pas me plaindre, mais avoir mal.

Parce que je me suis toujours senti poète, depuis que je sais écrire, parce que je veux changer le monde, parce que j'écris. Mais les poètes, ça n'existe plus. Il n'y a plus de poètes comme il n'y a plus de grands compositeurs classiques. Leur époque est révolue.
Bien certainement, beaucoup (trop) se pré-tendent poètes eux-mêmes, comme moi avant, mais ce n'est que prétention et avarice, comme de s'auto-déifier. Il n'y a plus de rois, ni de poètes, ni de Mozart, ni...

Ce serait sot pourtant de dire que je n'aspire pas à une vie plus près des mots, plus près du sens originel de la poésie, mais pas elle. Elle a fait son temps.

La poésie était du temps ou être un Homme voulait dire souffrir, en silence, pour le bien commun. Souffrir, avec hâte, pour récolter notre gain silencieux lui aussi.
La poésie s'est éteinte avec la guerre froide.

Depuis la victoire du kkk/caca/pitalisme pur et diviseur, l'individualisme profond étouffe les pensées qui furent poétiques en les rendant molles, sans convictions [et les convictions sont la base de la poésie].
Reste la beauté des mots, seule capable de faire pleurer mais jamais de construire.

"La douleur est un aussi puissant modificateur de la réalité qu'est l'ivresse." - Proust

La poésie était du temps où la souffrance était vue comme un moyen de création.
Aujourd'hui, la douleur ne sert qu'à se faire prescrire des anti-dépresseurs et se faire foutre dehors de sa job.

Laissons-nous le droit d'avoir mal.

- PV


Mauteur : néologisme avec Auteur et Mot. Un artiste contemporain qui, de son verbe piquant, explose les conventions sans beauté profonde.

5 commentaires:

  1. «Reste la beauté des mots, seule capable de faire pleurer mais jamais de construire.»

    Tu as parfaitement raison... je trouve ça dommage. J'ai été au marathon d'écriture au Cégep André-Laurendeau (24 hrs d'écriture) et le texte qui a gagné était émouvant, bien écrit, rien de plus. C'était du déjà vu. Je trouve ça dommage, car le texte de mon ami, mieux écrit, philosophique et très profond aurait mérité cette place. Peu importe, ce genre de soirée m'a traumatisée, c'était une usine à écriture, horrible. Je vais brûler mon chandail de cette soirée, ainsi que les affiches et mes textes.

    RépondreSupprimer
  2. Vous allez finir dans la folie, en écrivant de manière aussi guindée et altière! La vie n'est ni profondeur philosophique ni sagesse lyrique, mais elle est plutôt simple et franche rigolade. Les plus grands écrivains sont de mon avis Alphonse Allais et Woody Allen, chez qui on trouve à être heureux avec peu.

    Bon, évidemment, vous allez me rosser pour ce commentaire «cynique» et «individualiste», mais tentez d'en rire un peu avant.

    Vôtrement vôtre,
    SP

    RépondreSupprimer
  3. Il y a encore des grands compositeurs de classique, mais le classique pogne plus alors on en entend pas parler :

    Philip Glass, Krzysztof Penderecki, Per Norgard, etc. :)

    RépondreSupprimer
  4. Existe socialement ce dont on parle. La paix, ça n'existe pas, parce qu'on ne parle que de guerre partout.

    - PV

    RépondreSupprimer